Un poème de Kazimierz Dabrowski
Psychiatre polonais, auteur de La psychonévrose n'est pas une maladie
Névrosé(e)s, je vous salue!
Parce que vous voyez de la sensibilité dans l’insensibilité du monde
et de l’incertitude dans ses incertitudes;
Parce que souvent vous sentez les autres aussi bien que vous-mêmes;
Parce que vous ressentez l’anxiété du monde tout comme sa
prétention et son étroitesse sans fin;
Soyez salué(e)s
Pour la phobie de laver la saleté du monde de vos mains;
Pour votre peur d’être enfermé(e)s dans les limitations du monde et
Pour votre crainte de l’absurdité de l’existence;
Pour la délicatesse que vous avez de ne pas dire aux autres ce que
vous voyez en eux;
Pour votre maladresse à négocier avec les choses pratiques et pour
votre sens pratique à négocier avec des choses abstraites et inconnues;
Pour votre réalisme transcendantal et pour votre manque de
réalisme quotidien;
Pour votre goût de l’exclusivité et pour votre peur de perdre vos
amis intimes;
Pour votre créativité et votre extase;
Pour votre «mésadaptation» à ce qui est et votre adaptation à ce qui
devrait être;
Pour vos habilités grandes, mais inutilisées;
Pour le fait que vous vous laissez «traiter» au lieu de traiter les autres;
Pour votre pouvoir céleste sans cesse réprimé par la force brutale;
Pour ce qui est «prescient», non-dit et infini en vous;
Pour la solitude et l’étrangeté de vos manières d’être;
Je vous salue !